Sylvain Leblanc

infirmier auxiliaire
Centre de santé Inuulitsivik, Puvirnituq

Sylvain Leblanc

« Le projet d’exercer au Nord vient d’assez loin. Au début de ma carrière, à l’hôpital St-Vincent-de-Paul à Sherbrooke, l’assistant-infirmière-chef allait faire des contrats à Fermont. Il m’avait dit « je te verrais dans le Nord ». C’est resté comme ça, mais l’idée a fait son chemin. Un jour, j’ai eu le goût de voir autre chose… Il y avait un besoin à Puvirnituq. Ça a pris deux ans avant qu’on me rappelle après mon entrevue. Je suis monté faire mon premier stretch il y a 6 ans. Je suis venu m’établir au Nord avec mon épouse. Les deux années d’attente ont permis aux astres de s’aligner. Mon épouse travaillait en pharmacie et maintenant, elle est préposée aux bénéficiaires. Nos enfants ont quitté le nid. On s’est lancé sans avoir d’attente. On s’est dit : « On y va et on va faire de notre mieux. S’il y en a un des deux qui ne se sent pas bien, on redescend au Sud. »

Je suis chef d’équipe. Je supervise une quinzaine de préposés aux bénéficiaires, dont la presque totalité est inuite. Pour les Inuits, demain c’est encore loin. Ils vivent beaucoup le moment présent. La planification représente vraiment un défi. C’est une autre façon de revoir certaines priorités, soit dans la journée de travail ou au plan personnel. Autant on peut les conseiller, autant on apprend d’eux nous aussi. »

En bref

« Pour l’infirmière auxiliaire, le rôle et l’étendue des actes délégués sont moins connus, mais il y a clairement de la place pour l’infirmière auxiliaire ici. Il reste du travail à faire quant au plein exercice du champ de pratique qui n’est parfois pas interprété de la même façon partout, mais ça me semble être sur la bonne voie. On est capable d’en prendre ! »

J’ai suivi ma formation comme premier répondant un mois après être arrivé dans le Grand Nord. J’ai commencé tranquillement, par des gardes. Pour moi, c’est une autre façon de m’impliquer auprès de la communauté, de rendre service. J’ai toujours aimé l’urgence, la première ligne. Ça complète mon travail au département, où je travaille aux soins de longue durée.

De façon générale, les Inuits te regardent aller un peu et ils évaluent s’ils peuvent te faire confiance. La confiance se gagne. Il y a un roulement d’employés, mais quand tu pars et que tu reviens, tu franchis une étape. Lors des retours de vacances, les gens du village t’accueillent avec un « Welcome home ! », tu sens que tu es à la bonne place. Autant les préposés de l’équipe, qu’au village, à la coop… Les gens me reconnaissent. Mon premier « Welcome home ! », ça été quelque chose.

Je commençais à être essoufflé de la façon dont ça fonctionne au Sud. Au Sud on distribue des soins; au Nord, on donne des soins. L’humanisation des soins, c’est très important. On soigne des êtres humains, pas des machines. J’agis avec mes patients comme moi j’aimerais être soigné. Le rythme de travail au Sud est tel qu’on ne peut soigner de cette façon-là.

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