Cyril Gabreau

infirmier clinicien en santé communautaire
Centre de Santé Inuulitsivik, Salluit

Cyril Gabreau

« Découvrir les différentes cultures de soins, ça m’a toujours énormément intéressé. J’ai fait quelques projets à l’international, au Nicaragua, au Mali et au Sénégal. Pendant mon bac, j’avais fait un travail sur un village du Nord, Quaqtaq. Durant mon parcours de maîtrise, j’avais une session de rédaction à effectuer et  j’ai négocié pour la faire à distance. J’ai postulé au Centre de Santé Inuulitsivik. La première fois, je suis resté quatre mois au Nord, puis je suis retourné finir ma maîtrise. Et je suis retourné au Nord, ça fait plus de sept ans, maintenant.  

On est tous des gens de passage au Nord, à différents degrés. Je n’ai pas retravaillé au Sud depuis juin 2013 et si j’y retournais, je me demande ce que je ferais comme travail. Est-ce que je vais me plaire autant, je n’en suis pas sûr du tout. J’aime la latitude, j’aime pouvoir faire autant avec si peu. Je reviens au Sud uniquement pour passer du temps avec les miens, pour le moment.

La Maison de la famille, c’est un organisme communautaire pour les Inuits, par les Inuits, dont je suis un peu l’instigateur. On fait du dépannage alimentaire, on offre des cours parentaux et des ateliers d’art et de cuisine pour les jeunes. Je rencontre la mairie et le conseil de ville et … ils m’écoutent! Par ma fonction, j’ai pu développer des liens avec la communauté, où tout le monde me connaît et m’apprécie. C’est précieux. »

En bref

« Le Nord, c’est un défi professionnel dans un milieu non conventionnel, où il faut apprendre à mettre de côté plusieurs choses qu’on a apprises. On doit décloisonner pour que le travail puisse être fait. La confiance n’est pas là d’emblée. Il faut gagner cette confiance-là et, ensuite, ton enseignement et ton impact sont reconnus. Ce peuple-là est en transition aussi. Notre système médical leur a été imposé. »

Après quatre mois de retour au Sud, j’ai embrassé un arbre parce qu’il n’y en a pas au Nord et que ça me manquait… Mais je ne vis pas de choc culturel quand je suis au Nord, c’est quand je reviens au Sud que ça se passe. C’est un autre monde… J’ai le choc de la surconsommation, de la surpopulation, tout doit aller rapidement.

Je me plais à embrasser la façon de vivre avec juste une coop, pas de cinéma, mais avec toutes ces autres façons de se créer une vie sociale. Je suis encore en mode « découverte ». Je commence à goûter la culture inuit, leurs façons de voir et de penser et j’apprécie d’autant plus le temps que je passe là-bas.

J’ai une facilité avec les enfants et les familles. Pour amener ma vision de santé communautaire, je dois passer par les familles. Ce sont elles qui vont pouvoir prendre les décisions pour améliorer leurs conditions de santé.