Danica Dragon Jacimovic

infirmière en dispensaire
Centre de santé Inuulitsivik, villages de la Baie d’Hudson

Danica Dragon Jacimovic

« Le projet d’aller dans le Nord, je l’ai depuis que je suis étudiante. J’ai toujours voulu voyager, connaître d’autres cultures. J’avais déjà fait de l’aide humanitaire au Cameroun. Ça a toujours fait partie de moi, pour que mon travail ait du sens. J’ai commencé à travailler au Nord en 2011, à La Romaine, chez les Innus, en rôle élargi.

Dans mon parcours, j’ai travaillé en santé mentale, en milieu communautaire, en toxicomanie et en enseignement au niveau collégial. Je suis intéressée et passionnée par plein de sujets. Ici dans le Grand Nord, ce que j’aime le plus c’est la pédiatrie. Je suis la fille qui dit qu’elle n’aura jamais d’enfants, mais j’aime travailler avec les bébés et j’apprécie le contact avec les parents. Je me suis sentie à ma place dans le Nord, alors j’y suis revenue. J’aime avoir une grande autonomie, utiliser mon jugement clinique au maximum et qu’il y ait une part d’aventure. Je veux être utile, ne pas être une exécutante.

Au début pour apprendre, je me suis établie à Kuujjuarapik. J’aime me promener dans les villages. Chaque village est vraiment différent et j’aime cette variété. »

En bref

« Pour travailler dans le Grand Nord, ça prend une sensibilité, une ouverture culturelle. On travaille avec une population qui est marginalisée, qui n’a pas les mêmes droits que le reste des citoyens au Canada. Ça prend de l’ouverture, du respect et de l’humilité. Les Inuits, c’est un peuple chaleureux, curieux, qui est prêt à nous accueillir, mais ça prend cette empathie-là pour aller les rejoindre et se faire accepter... »

Les mots-clés de ma pratique sont l’autonomie, la curiosité et la capacité et la volonté d’apprendre chaque jour. Il faut qu’on se questionne, qu’on travaille en équipe. Je dois avoir l’humilité de me remettre en question et exercer mon jugement clinique au maximum de mes capacités. C’est comme si mes études ne finissaient jamais.

Au début, on vit des chocs. Quand je suis entrée à l’épicerie, au Sud, j’ai presque été étourdie. Dans une pharmacie, j’ai dit à une employée : « Madame, savez-vous que vous avez une rangée complète de shampoing ? » On vit ces petits chocs-là !

Je me déplace selon les besoins de l’employeur et selon les disponibilités que je donne chaque trimestre. J’ai la possibilité d’avoir beaucoup de vacances et ça me procure un grand pouvoir sur ma vie. Il faut trouver un équilibre dans cet aspect Nord-Sud. C’est très différent du mode de vie de ceux qui travaillent de 9 à 5.

Pendant la pandémie, le 25 mai 2020, Danica Dragon Jacimovic a signé une lettre ouverte, publiée dans Le Devoir et intitulée « Merci pour quoi au juste? », qui a eu une forte résonance.