Nagia Idel Mehdaoui

conseillère en soins infirmiers
Conseil Cri de la santé et des services sociaux de la Baie-James, Chisasibi

Nagia Idel Mehdaoui

« Je travaille au Nord depuis 2013. Être en contact avec une culture, une pratique et un environnement complètement différents de ce que l’on connaît et qui en même temps est tellement riche, c’est une expérience extraordinaire. Mon projet d’exercer au Nord vient du fait que j’avais besoin de nouveaux défis. Cela faisait quelques années que j’étais au Québec et j’avais besoin de voir autre chose. J’avais entendu parler de la pratique élargie en région nordique par une collègue du CLSC où je travaillais.

Les démarches pour partir ont été un peu compliquées : j’ai un conjoint et des enfants, je voulais aller faire un essai avant de partir définitivement. Les contrats « in and out » étaient disponibles uniquement par les agences. Les employeurs du réseau au Nord ne proposaient que du temps plein. J’ai été engagée par une agence qui m’a formée en rôle élargi, avec un contrat d’un an sans obligation de rester à la fin du contrat. Je n’ai pas eu droit à un congé nordique, car je n’étais pas engagée par un établissement du réseau. J’ai donc dû démissionner de mon poste au Sud.

Je suis arrivée un 2 juillet à Chisasibi, à la Baie James. Je vivais en colocation avec deux autres infirmières. Je n’avais jamais été en colocation de ma vie… ça a fait drôle de se retrouver dans la vie d’une ado à 43 ans ! J’ai ensuite commencé mon premier remplacement de quatre semaines. J’ai eu un très bon accueil de la part de mes collègues. »

En bref
  • Conseillère en soins infirmiers
  • Conseil Cri de la santé et des services sociaux de la Baie James, Chisasibi
  • Présidente du Syndicat nordique des infirmières et infirmiers de la Baie James au moment de la tournée de la présidente
  • Membre du comité de négociation de la FIQ

« Mon choc culturel, je l’ai vécu quand j’ai mesuré combien la culture était ancrée dans toutes les sphères de la vie des peuples autochtones. On n’a pas d'autre choix que de l’intégrer à notre pratique, et c’est ce qui la rend particulière. Les remèdes traditionnels côtoient la médecine moderne, la prière s'invite dans les réunions... »

Et il y a la famille aussi qui doit suivre. J’avais deux de mes enfants avec moi. Ça prend de l’organisation. On a testé l’école à la maison pendant trois ans, mais ça a ses limites. Ça a été aussi un changement pour mon conjoint qui, malheureusement, n’a pas pu être recruté au Nord. On a vécu autrement, mais ça prend des conditions favorables pour garder notre monde au Nord et surtout les familles.

Seul le Nord offre cette diversité d’accès à diverses populations, car même avec un poste à temps complet en dispensaire en programme mère-enfant, je prends aussi en charge tous les profils de population quand je suis de garde. On doit donc garder nos compétences à jour de manière très large.

Le défi maintenant est de faire en sorte que les conditions de travail que l’on nous offre soient assez significatives pour nous permettre de combler les sacrifices que l’on doit faire. Surtout si on veut s’y établir pour une plus longue durée, ce qui implique de déménager avec sa famille et de s’assurer que notre conjoint pourra trouver un emploi. Mais on en sort toujours grandi sur le plan personnel et professionnel !